09 novembre 2007

Muhavura, la tete dans les nuages...



Par dela les montagnes, les refugiés...

Le cadre est surréaliste, ici, la désolation gisante et palpable, physique et douloureuse prend pour cadre l'impressionnante splendeur du Mgahinga Gorilla National Park.
L'Ouganda, Kisoro, Nyakabande Refugee Camp, voilà ou se situe ce théatre du malheur ordinaire et silencieux, cette tragédie Congolaise si peu mediatique, tellement récurente qu'elle n'intéresse presque plus les médias.
Ici a Kisoro, nous sommes a 12 km du Rwanda, guère plus du Congo. Là bas en RDC, c'est un peu le 11 septembre tous les jours, la population n'en finit plus d'être victime d'un conflit qui se veut routine, compliqué et simple a la fois, tous les tenants et aboutissants se cristalise en fin de compte sur les vieux demons d'une animosité bêtement ethnique, quand la question Hutus/Tutsi resurgit... Mais finalement, cette question n'a jamais trouve de réponse si ce n'est la plus icohérente de toutes, celle du genocide...

Voila bientot 3 semaines que le flot des réfugiés congolais se deverse jour après jour dans la cuvette de Nyakabande en Ouganda. 12000 personnes aujourd'hui tentent de survivre en attendant que les combats derrière les montagnes et dans les villages cessent enfin... En arriere plan du camp se dressent les 4127m du magistral volcan Muhavura. Il cache sous ses arbres les derniers Gorilles des montagnes, dans cette brume permanente. Quand le ciel est dégagé, on peut voir jusqu'a 4 des 7 sommets de la chaîne, et rester là en contemplation.
Il reigne ici une atmosphere tantôt mystique, tantôt morbide, parfois miraculeuse au grès des pluies violentes, ou des rayons de soleil perçant les nuages perpétuellement accrochés aux sommets.
Le froid des montagnes fuit souvent en journée devant le brûlant du soleil, chaque pluie jette sur le camp un voile glacant... En Afrique aussi, cet hiver, les plus démunis seront victimes du froid.

Lorsque j'ai survole la frontiere Rwanda/Ouganda il y a un mois dans ce petit coucou de 5 places, j'ai été subjugué par la majesté du Lac Victoria, la beauté des paysages verts de l'Ouganda, ces montagnes sans une parcelle encore vierge de cultures, des nombreux petits lacs improbables aux creux d'une vallée, dans le puis d'un volcan...
Je ne savais pas encore que j'allais trouver tout autant de beauté dans les yeux des enfants, dans le creux d'une vielle main ridée, dans les chants inintérompus des refugiés, dans cette entreprise désesperée de sauvetage...


Le constat est là, sous une tente de fortune, dans la clinique que nous avons bâti de quelques morceaux de bois et de quelques bâches plastiques, le defilé des douleurs quotidiennes, des traumatismes muets, des peurs mal dissimulées, n'est jamais bien loin du sourire incroyablement optimiste de toute une Afrique.

La magie des grands Lacs, le mystère des montagnes du Kivu ont agit sur moi comme un filtre optimiste et amoureux. Quoiqu'il arrive j'aurai toujours un morceau de mon coeur accroché ici, à flanc de montagne, et ce sourire congolais en impression persistante sur mon iris encore humide.
Pour tous les refugiés, ces quelques simples pensées.