12 février 2008

Dragi dans le métro... (du sexe et des rails)!

On dirait pas comme ça (à me voir si jeune et frais en toutes circonstances) mais je suis déjà dans ma 5e vie, on a pas tous le même Bio-rythme de réincarnation, c'est comme ça!
Presque 1 mois que je suis parisien, le moment idéal pour revenir un peu sur le passé d'une génèse nombriliste et dragidéenne...

A l'origine, il y eut la période divine que j'appelle "Tahiti 80", Enfant-Dieu (tel un Tiki) dans le Pacifique et la promesse d'une vie de voyage initiée par un premier Vol UTA Paris-Los Angeles-Papeete. J'en ai gardé quelques vagues souvenirs lumineux: les cocotiers, les plages volcaniques, la beauté deneuvienne de ma mère, le coma de mon père à l'hôpital militaire, les paréos fleuris, les chants guerriers, les premiers pas immaculés de mon frêre sur le sable noir, les anguilles de mer et les requins du lagon.
j'avais 6 ans quand nous rentrâmes en France et le 1er soir de mon arrivée je revoyais ma grand-mère, illustre inconnue gironde à qui j'opposais une timidité méfiante jusqu'à ce qu'elle m'offre un bol de fraises au sucre, délicieuse nouveauté qui marquait le début d'une fabuleuse histoire d'amour qui dure encore aujourd'hui entre elle, moi et les fraises.

Les 11 années qui suivirent ne furent pas les plus passionnantes, ce fut ma période "Under Construction" ou le bonheur de la métamorphose physique, les rondeurs de l'enfance, la moustache duveteuse, les tortures métalliques buccales (non j'n'ai jamais sucé Robocop), des coupes de cheveux aussi approximatives que mes goûts vestimentaires et un déficit d'image assez effarent. Années studieuses où le verbe devint ma seule arme défensive. Avec le recul je devrais renommer cette période: "l'ère Ugly Betty"...

En 97, je déménageais en Auvergne, ce furent les années "d'émancipation", 5 années d'affirmation du soi, beaucoup moins studieuses, de belles conneries, des nuits blanches, de l'alcool et des drogues douces, des personnes qui comptent encore beaucoup aussi, mon Gergovie à moi et une libération nécessaire.

2002, diplôme en poche, tout changer encore, nouvelle vie nouveau départ, croire bêtement en l'amour, se planter, se re-planter puis s'installer, c'est le temps de "la vraie vie et de l'autonomie". Une parenthèse enchantée où l'on goûte au confort simple, où l'on s'ennuie facilement comme tout le monde, on prend du recul, on calcule et on projette, on part en vacances, on râle et on souffle, on se plaint et on en veut plus pour pas un rond, on s'embourgeoise et mine de rien à force de se chercher on s'perd sur un parcours fléché.

2007, "la renaissance", pour bien se connaitre il faut parfois savoir se mettre en danger, rompre avec les certitudes, les acquis et le confort, partir à l'aventure, loin et apprendre autrement, vivre les autres et avec eux se découvrir, s'oublier et donner un sens.

Alors oui les retours sont difficiles et l'itinéraire incertain, un jour on revient et on se retourve à Paris, et puis on recommence à travailler, on découvre les joies du RER A pour Rueil, les bus pour Montreuil ou Saint-Denis, le premier métro de 5h31 sur la ligne 4 et la france d'en bas, celle qui se lève tôt avec la mine défaite, qui trime et qui ne bronche pas. Une France d'en bas presque uniformément colorée contrairement à l'idée générale véhiculée.

Dans les services, des soignantes plus ou moins obèses qui tirent la gueule dans le gris des banlieues, des médecins insultants, des discussions improbables et vides autour du café, des sourires tellement rares qu'on s'en rappelle tout le jour, cette drôle d'impression de ne pas exister individuellement et en même temps l'agréable sensation d'être transparent et de n'avoir aucun compte à rendre.

Parfois je fais ce rêve éveillé, j'ai l'impression d'avancer au ralenti dans ces couloirs d'hôpital, tout de blanc vêtu et une seringue de morphine à la main, en arrière plan tout le monde s'agite, les gens courent derrière le chariot d'urgence et s'affairent autour d'un corps sans vie. En fond sonore on peut entendre ça:

My Body Is A Cage



Et puis alors que tout a été tenté, la pièce est envahie d'une lumière blanche violente, je m'approche toujours aussi lentement, je saisi ma seringue et j'injecte une dose létale. Fin de l'histoire.

En dehors de ça, Paris....ahhh Paris.

C'est marrant cette capacité nouvelle de se sentir bien partout, un peu comme si ça avait toujours été chez moi. Désorienté quelques jours avant que les charmes désuets de la capitale agissent rapidement; me perdre dans mon nouveau quartier, fumer ma cigarette à la fenêtre en espionnant les bureaux des Assedic ou cette vielle maison avec son extension Loft qui fut jadis habitée par les Rita Mitsuko. Parfois lorsqu'on tend l'oreille on peut entendre des cris lugubres émaner du commissariat voisin.
Et puis on se prend au jeu de la nouveauté, on succombe au ciel rosé-ocre du soir sur les buttes Chaumont et le toit du Sacré-Coeur, alors qu'en plein effort, on court jusqu'au bout de ses limites physiques, crachant cigarettes et toxines, on s'arrête vidé et on repense à là-bas avec nostalgie.

On se sent bien au final, avec les nouveaux amis d'adoption, W. qui m'accompagne aux Buttes, O. chez un charmant marchant de vin italien, L. ou L. régulièrement aux marronniers, mon Versaillais si gentil au téléphone, ma soeur que je retrouve avec plaisir, et l'indispensable Mme Marcadet sans qui rien n'eut été pareil.

Le charme de Paris c'est aussi ces amants par correspondance, chaque soir différents, l'ivresse du sexe après la monotonie des rails, celui-ci plus charmant que les autres qui est venu un soir pour un verre et qui n'est pas resté, on a même pas couché ensemble et il me fait languir ce qui le rend d'emblée bien plus intéressant. Ma vie c'est aussi cet autre clip d'Arcade Fire:

"Neighborhood #1 (Tunnels)"



Je me sens bien à Paris, il est peut-être temps d'y déposer mon coeur, le temps d'une courte et nouvelle vie...

5 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Re-birth ! Re-birth !!!!
on devrait jouer dans un remake de l'Age de Cristal... (même si c'est toujours moi qui fait Jessica)

15:06  
Blogger MyOwnPrivateIdaho said...

Moi je suis l'androïde. Les androïdes ont-ils une bitte ??

17:06  
Blogger Plouf said...

Moi je suis le mec qui se fait toujours chier en province. Mais je suis pas chien, je te file le lien vers le nouveau clip interactif d'Arcade Fire. C'est long à charger, mais après, en laissant seulement les pistes 1 et 6, on a une jolie version a capella et cordes.

20:07  
Anonymous Anonyme said...

tant que la capitale ne te rend pas cinglé, enjoy your new life...

16:13  
Anonymous Anonyme said...

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

08:56  

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