08 novembre 2006

Transpiration amoureuse

j'ai beau courrir (vite), ramer (dans le vide), pédaler (dans la semoule), soulever des poids (lourds) ou nager (des océans)....


...c'est visiblement toujours mon coeur qui transpire le plus.


Un signe de bonne santé paraît-il?!!!

06 novembre 2006

Ce n'est qu'un au revoir...


Tiens, j’vais bloguer un coup, me suis-je dit tout à l’heure alors que j’hésiter à aller au sport...
Parfois le blog c’est une bonne excuse à opposer à sa mauvaise volonté et une aussi bonne excuse de mes retards aux rdv!
Faut dire que j’me suis levé à 17h après ma nuit de taf, complètement dans les vapes après une méga “nuit codéine”.... Et là depuis 1h j’essaie de réfléchir à cette équation compliquée qui s’offre à moi:
“Sachant que:
- il est 18h passé;
- que j’ai rdv pour cette soirée d’anniversaire officiellement à 19h30;
- qu’il est necessaire que j’aille au sport rapport à un rdv très important que j’ai vendredi;
- mais qu’il fait -10°C dehors au moins;
- que j’suis complètement au bout de la roulette et qu’une cigarette me tente super bien là tout de suite;
- et que je viens de me vautrer devant l’ordinateur pour lire mes mails et consulter quelques blogs....

Question:
Il est maintenant 19h, ai-je réellement matériellement le temps de me taper 20 min de déplacement jusqu’à ma salle de sport, d’en faire 1h à tout casser, revenir chez moi en autant de temps, me préparer pour ma soirée en 2 fois plus de temps, et me pointer avec une heure et demi de retard au moins à l’anniversaire surprise d’ALC...????
Vous avez 20 min supplémentaire pour trouver une réponse.

Réponse:
(il est 19h12, soit une économie non négligeable de 8 minutes sur mon temps de réponse)..... Dans mon univers et dans mon espace temps cérébral, OUI, j’ai effectivement le temps d’aller au sport avant la soirée.... Mais tiens, si je bloguais un peu à la place tout en fumant une cigarette vautré devant mon Mac....

Résultat:
Je risque de ne pas arriver à l’heure à cette soirée, mais au moins j’ai trouvé un compromis qui me va bien, qui me console tout en apaisant mes angoisses de non résolution de problème. La vie n’est pas si compliquée.
Finalement je suis quelqu’un de pragmatique, non?
Y-a-t’il encore quelqu’un pour se demander comment je fais pour être systématiquement en retard???????


Faut dire que j’ai des circonstances aténuantes comme toujours!
Mes 2 dernières nuits de travail se sont déroulées sur un même et unique thème: “Red is Dead”, à savoir deux nuits au taquet sans trop se pauser à patoger dans le sang et à mettre en place des moyens thérapeutiques extrèmes pour sauver des gens déjà morts, débauche inutile d’énergie et d’argent (Je vous épargne le prix de journée en réanimation pour vous évitez la syncope!) ou comment repousser toujours davantage les limites de l’acharnement dans un échec thérapeutique programmé!

Dégouté j’étais en fin de nuit, et alors que je me tenais là debout à m’affairer bêtement devant ce corps baigné de sang et blindé de drogues diverses et variées, au son tonitruant du scope affichant invariablement une tension artérielle à 3,5, le médecin de garde prononçait enfin ces quelques mots que j’attendais et pressentais depuis 10h:
“Bon on est en Echec thérapeutique, on arrête tout, j’appelle la famille....” Avant d’ajouter “au fait, dépêche toi de débrancher la dialyse, on va s’en servir à côté....”
Belotte, et re-belotte, les bras ballants, je fixais du regard ce visage oedématié, l’hémoglobine débordait du nez et et de la bouche et perlait le long de la sonde d’intubation et de la sonde de Blakemore, ses yeux étaient clos, scotchés avec des strips, Le rein artificiel continuait de pomper le sang à des débits surhumains et le scope carillonait et clignotait en rouge, bleu et vert..... Un son et lumière presque pire que le Puy du Fou.


Après 2 ans et demi de ce manège de la vie et de la mort en réanimation, il m’apparaissait enfin avec une évidente clarté qu’il n’y aurait certainement pas de 3e année.
C’est finit, l’envie est morte comme ma patiente, brusquement, salement, sans dignité, dans le mépris presque, dans la douleur surement. Je ne peux plus faire semblant, la performence ne m’a jamais intéressé, les chiffres non plus, la méthode me dégoute, l’humain n’existe plus, ni chez les patients, de moins en moins chez les soignants.
J’ai beaucoup appris dans ce service, j’ai fait de mon mieux pour être un bon “infirmier de réa” comme dit ma chef, aujourd’hui je sais que je n’en serai jamais un et ça me rassure.
Il y a beaucoup de gens exceptionnels en réa, aussi humains que performants, chez les infirmier(e)s et les médecins, mais aujourd’hui tout ça ne correspond plus à ma conception du soin, du soignant et du soigné, je dois tirer ma révérance, c’est décidé!

Bye, bye Miss Rescussitation, notre liaison a été tumultueuse, souvent douloureuse, tu ma fais pleurer tu le sais, plusieurs fois après avoir passé 12h avec toi, je sortais et je ne pouvais m’arrêter de penser à toi, inquiet et torturé, souvent les larmes débordait et je les essuyais vite fait parce que j’avais peur que tu m’observes et que tu me juges, que tu penses que je n’étais pas à la hauteur.
Mais ces larmes mine de rien, je ne pouvais les retenir, maintenant je les ravale, je sais que je suis à la hauteur, mais je ne m’acharne plus, notre histoire est morte, je ne t’aime plus, t’ai-je vraiment aimé un jour, je me le demande, parfois l’envie et les illusions sont plus fortes, parfois on se ment à soi-même.
Par moment tu me manqueras, y’avait plein de bons côtés à être avec toi et puis j’aimais bien les gens qui t’entouraient, je ne pourrai pas les oublier eux, on a partager trop de belles choses et surtout trop de sales moments pour que ça s’arrête là comme ça, je les aime encore eux, et je leur dois beaucoup, ce sera difficile de leur dire au revoir.

Ma vie est ailleurs, je n’ai pas encore bien décidé où, je vais me laisser quelques temps encore pour y penser et m’organiser, je laisse quelques affaires chez toi encore quelques mois si ça ne t’ennuie pas, quand j’aurai organisé mon départ, ma fuite en avant, je partirai et tu continueras ton train train habituel sans moi, comme si de rien n’était. Peut-être que je te rendrai visite à l’occasion, je ne sais pas encore, on verra. Longue vie à toi, si je peux me permettre...


dédicace:
A tous ces gens qui travaillent avec moi tous les jours, courageux et humains, qui persevèrent à vouloir faire avancer les choses, qui sauvent des vies aussi, et qui essaient d’accompagner tant bien que mal, et avec des moyens de plus en plus restreints, tous ceux que l’on ne sauvera jamais...
Si j’arrête de me battre à vos côtés, je continue de réfléchir à la manière d’appréhender la vie et la mort, sous une autre forme, à un autre niveau, avec le même soucis d’humanité. Merci pour tout, bon courage à vous, vous me manquerez....