06 février 2006

Quand les plus courtes sont les meilleures...



J’ai retrouvé il y a peu de temps chez mes parents, le magazine n°338 de “la revue du cinéma - image et son” d’avril 1979 (soit un an avant ma venue au monde!!!! et oui!) date de la création du Festival du Court Metrage de Clermont-Ferrand!

A l’époque, le festival c’était 3 soirs consécutifs pour ce pari hazardeux du cercle cinématographique universitaire clermontois, c’était 60 films surtout français et 350 à 450 personnes par soir! un exploit inédit qui a débouché sur un succès dans la durée et qui a suscité enthousiasme et mimétisme partout en france!
Et l’auteur de l’article qui espère alors que cette première édition 1979 ne sera pas la dernière (un certain Gilles Colpart) de conclure: “quand le cinéma vient au public, le public vient au cinéma...”

De retour de ma semaine auvergnate, heureux et repus presque overdosé d’images et d’émotions, boulimie de salles obscures, de voyages en technicolor, parfois en noir et blanc, tantôt en musique, en fictions animées ou numérisées!
Clermont-Ferrand c’est un festival d’une grande et rare diversité et ça fait beaucoup, beaucoup de bien.

Clermont-Ferrand, pour moi, c’est avant tout le plaisir de revoir des amis, avec qui j’ai étudié, fait la fête, flirté parfois même; c'est 5 années de ma vie!

Clermont-Ferrand, c’est pour moi la nostalgie d’une époque et d’un lieu dans lesquelles chaque come back est vécu comme un plaisir, presque une necessité...

Clermont-Ferrand, c’est ma rencontre avec Mme Marcadet, Joan Collins et Estelle, le début de ma vie gay, de mon alcoolisme, de mes pires plans culs et de mes plus belles amitiés...

Clermont c’est Mahé, la surexcitée qui m’accueille, me loge et me nourrit comme si j’étais 12 à chaque fois que j’y retourne; c’est les 2 Caro, Sarah, Anne-Marie, leurs conjoints, leurs enfants et nouveaux-nés (toujours plus), Jorge, Nico, Olivier, Pierre et Julia, Phillipe, Alain et Raphaelle, Coralie.... et bien d’autres encore, des noms parmis tant, qui ne vous disent peut-être rien mais qui signifient beaucoup pour moi...

(Mahé n'aime pas les photos!!)

Et puis Clermont, c’est cette ville en mutation, qui lutte 2 fois plus que les autres pour combattre avec cette humilité, que l’on prend parfois pour de l’austérité, les préjugés stérils véhiculés souvent par ceux-là même qui n’y ont jamais mis un pied, une oreille ou même un oeil, et quelle erreur!
Avec les 2 yeux, et avec le coeur, on peut y découvrir des merveilles, en premier lieu, ce festival du court-metrage ( 28e édition nationale, 18e édition internationale et 5e édition “Labo”), le premier festival du genre en Europe et le 2d festival de cinéma en France après Cannes.

Je sais, je m’emballe et ça fait tout de suite un peu brochure de l’office du tourisme ou du Conseil Général, mais c’est qu' j’ai envie de l'défendre ce festival, qui fait figure d’exception culturel, au même titre que le "genre court metrage", ofni (objet filmique non identifié) dans le monde et l'industrie du cinéma....

Il faut savoir que le film court, parent pauvre du cinéma français, connait en ce moment les pires difficultés pour exister en tant que tel, et même si les programmes courts se font moins rares à la télivision, ils restent extrêmement marginaux et marginalisés:
France Télévision par exemple, réinjecte 0,02% de ses bénéfices dans les programmes courts (financement, production, diffusion, promotion...etc) et je ne vous parle même pas de la rémunération des artistes et techniciens professionnels sur ces courts metrages, c’est tellement anecdotique qu’on devrait parler de bénévolat.

Voilà, il est là mon pamphlet, si je dois m’engager dans un ou plusieurs combat, celui-ci en fera partie!
Cette année, à priori meilleur cru que l’année précédante, (où le Jury national 2005 s’était abstenu de Grand Prix en dénonçant un manque d’audace et d’originalité en lien avec un manque flagrant de moyens) a été marqué par l’annonce par ce bon vieux RDDV (Renaud Donnedieu De Vabre, il a site en plus!) d’une rallonge budgetaire de plusieurs millions d’euros, rallonge déjà promise en 2005 mais quelque peu oubliée entre temps!
En pratique, France Television et Canal+ vont rallonger davantage pour le court (on en rêve déjà tous!).

Tout vient à point dit la fable, à qui sait se contenter de peu quand on sait que le bénéfice engrangé par le nouveau prélèvement de la redevance tv (sur la feuille d’impôt sur le revenu) est directement allé dans les caisses du ministère et n’a en aucun cas fait l’objet d’un investissement X ou Y pour le développement culturel!
Bien vu RDDV, merci beaucoup Monsieur le ministre de ce soutien si généreux!

bref, je ne politiserai guère plus le débat, même si je pourrais (et je le fais) aussi parler de la probable disparition du cinéma Le Paris à clermont, seule salle "art et essai" indépendante de la ville à continuer de défendre un cinéma d’auteur qu'il soit populaire ou confidentiel et ceci au profit d’un projet immoblilier; si proche du centre ville, l’enjeu était trop juteux pour laisser perdre à la culture ces précieux mètres carrés de terrain!
(soutenez l'association "Et vogue Le Paris" et trouvez davantage d'infos sur le blog de "vent d'auvergne"!)

Parlons plutot, du cinéma, et des oeuvres de cette édition....

Pas moins de 150 films répartis entre les 3 compétitions nationale, internationale et labo; et tous les “à côté”: rétrospectives diverses et variées, programmes des distributeurs ou du marché du film, programmes enfants et scolaires ou oeuvres de fin détudes des écoles de cinéma ou d’architecture, programmes africains, canal +, clips musicaux, documentaires et découvertes.... il y en avait de toutes les couleurs et pour tous les goûts, c’est ça qui est bon à Clermont!

Je me suis tapé quelques journées de fou, avec des “8h de projection”, parfois enchainant 4 ou 6h d’affilé les yeux grand ouverts, courant d’une salle à l’autre au milieu des 140 000 autres spectateurs, même pas mal, même pas fatigué, ni lassé, encore, encore, encore!

J’avoue que certains films plus expérimentaux ont fait parfois les frais de tant d’accumulation, et je me suis vu, cligner des yeux dans un baillements incontrôlable mais toujours dans un bien-être complet! Quoi de meilleur finalement que de somnoler involontairement dans cette bulle de chaleur créée par le spectacle d’un film de 30 min quasiment en plan fixe d’images brumeuses, sur une musique lancinante.... oui c’est jouissif, surtout si le 1/4 d’heure suivant un film au rythme complètement opposé vient secouer tout ça dans les rires où les larmes!!!
Moi j’adhère, et j’en redemande!

J'assistai cette année année pour la première fois à la cérémonie de remise des prix de 18h! Malgré l'animation sympathique comme chaque année de Claude Duty ("filles perdues, cheveux gras"), et les réactions parfois originales des vainqueurs, je préfère les clotures plus tardives où l'on voit plus de films primés et où l'on ne voit pas en revanche le maire de la ville, Serge Godard, plomber l'ambiance par des discours pré-électoraux!

And the winners are:
Grand prix du jury international: “Mur Mitoyen” de l’Argentin Gustavo Taretto;

Grand prix du jury national: “Fais de beaux rêves” de Maryline Canto.

Deux films superbes de différences, l’un en couleur et plein d’humour et l’autre noir et blanc et beaucoup plus sombre, qui abordent et décrivent sous 2 angles différents un même sujet douloureux, celui de la solitude!
Je me suis énormément retrouvé dans “Mur Mitoyen” qui raconte l’histoire d’un garçon et d’une fille quasi-voisin, quasi-reclus derrières leurs ordinateurs, se perdant en chat sur msn, et qui n’arrivent pas à se rencontrer malgré une multitude de point communs!

L’autre gagnant de cette édition, semble être le film français de Jacques Mitsch, “Le mammouth pobalski”, que j’ai malheureusement manqué mais qui semble être à mourir de rire, remportant le prix du public et le prix “attention talent Fnac”.
Mes 2 coups de coeur, et films pour lesquels j’ai voté pour le prix du public, sont:

“Hibernation” du Britanique John Williams, ou la magnifique histoire de 2 enfants qui portent des costumes d’animaux, vivent dans une cabane et tentent de réanimer une abeille, dans l’espoir de ramener à la vie un de leur camarade.... Beau de naïveté, a arracher des larmes...
Ce film a effectivement reçu le prix du public dans la compétition internationale.
“Béa” de Romuald Beugnon, prix de la meilleure première oeuvre de fiction, film qui pour moi parle avec le plus d’humour, de sensibilité et d’audace, de la vieillesse et de la place du 3e âge dans notre société, sujet très souvent traité cette année!
Autres mentions personnelles:
“Starfly” de Beryl Koltz (luxembourg) prix de la meilleure création sonore et prix Canal+ dans la compétition internationale, une histoire hilarante d’un astronaute qui revient dans la réalité brutal du monde terrien après avoir passé des années en orbite autour de celui-ci et une BO excellente!
“K7” de Christopher Leone (USA), mention du Jury Internatinal, raconte l’histoire d’un entretien d’embauche qui dégénère, quand un des candidats se voit révéler par ses futurs employeurs que son test psychologique a montré qu’il était un parfait “K7”, soit un tueur parfait!
Plein d’énergie, un scénario géant et un script hilarant, des acteurs réunissant tout ça à la fois dans leur interprétation!
Je vous invite fortement à retrouver toutes ces références, et le palmarès complet de l’édition 2006, sur l’excellent site de “Sauve qui peut le court-metrage” l’association organisatrice du festival, et davantage encore à venir faire un tour en 2007 à Clermont-Ferrand, vous verrez au cinéma, ce n’est pas la taille qui compte, et les plus courts sont parfois les meilleurs!!!

13 Comments:

Blogger Nougat said...

C'est bien dit et joliment formulé. En tout cas on sent l'émotion et le plaisir que tu as eu lors de ce festival. Content que tu sois de retour avec plein de nouvelles images plein la tete. Bienvenue dans le monde réel.

16:05  
Anonymous Anonyme said...

Content de sentir que tu as passé de bons moments à ce festival.

Je suis d'accord avec ta réflexion sur le manque d'audace des financeurs qui hésitent tant à mettre de l'argent dans des oeuvres réellement originales plutôt que dans l'éternel retour de mammouths pseudocomiques...(je ne sais pas quel est le budget des Bronzés 3, mais il est surement trop élevé pour ce qu'il vaut artistiquement)

Il semble que le cinéma français ne soit en train de se perdre dans des oeuvres convenues ou sans réel relief. Attention toutefois, je ne suis pas un adepte du cinéma intellectuel ou expérimental. Je dis juste que les chaînes de télé et le ministère devraient faire un peu plus attention quant à l'utilisation des deniers servis au cinéma. Il y a des réalisateurs de talents (oui avec un s) dans notre pays, ils demandent juste qu'on leur donne plus d'argent pour leur projet et qu'on leur serve moins de belles paroles.

Et enfin je suis persuadé que faire un court-métrage est une école indispensable pour ensuite passer à quelque chose de plus long. Il est très difficile de faire une histoire intéressante, originale, dans un format court, et je suis parfois ébahi du talent qu'on certains et certaines.

Voilà, excusez-moi, je suis très long, donc je ne suis pas fait pour le court-métrage ;-)

A très bientôt, mon bonbon sucré préféré ;-)

et bises aux autres bien sûr!

17:00  
Anonymous Anonyme said...

Si tu arrête le CIR, tu pourras te recycler en critique à ....Lyon poche...? Après cette superbe critique de Brockeback, nous voilà alleché par les courts de Clermont...Que nous ne pourrons probablement jamais voir sur Lyon....Sniff...A moins que notre dragibus nous alerte de leur passage...

17:58  
Anonymous Anonyme said...

Ah oui Clermont j'y allais quand j'etait JEUNE !! ;-)

biz

Sev "juste la de passage" :-D

18:58  
Anonymous Anonyme said...

Oh ben ça alors...! Je ne savais pas que tu connaissais autant de mots ! ;o
(J'attends un bilan "off" sous peu...)

22:12  
Anonymous Anonyme said...

tu as fait remonter clermont dans mon estime !

22:17  
Anonymous Anonyme said...

Qu'est-ce que tu écris bien et long sur Clermont !!! ça donne envie d'y aller. Donc moi j'y vais la semaine du 20 février, c'est pas une blague... si j'ai besoin d'adresses (!?) sérieuses, je te demande ?

23:00  
Blogger Plouf said...

Je suis assez impressionné, par ton billet bien sûr, mais aussi par ton enthousiasme. Ca donne envie de participer avec toi à ce festival...

Et pour répondre à Lionel, Les Bronzés 3 auraient couté 35 Millions d'euros. J'imagine que nos "amis pour la vie" sont allés chercher le financement auprés des américains, ce qui explique sans doute le logo WarnerBros au début de la bande-annonce. Il y aurait beaucoup à dire sur le cinéma français, et sur le cinéma en généarl. Pas sûr qu'on soit tous d'accord...

23:44  
Anonymous Anonyme said...

On se voit ce soir....analgésie et sédation en REA.....Chez toi à la X R...?

08:22  
Anonymous Anonyme said...

J'adore ces ambiances de festival. le jumping de salles en salles, la presse febrile et dithyrambique, les yeux rouges et ennivrés par 8h de projection, le sentiment de solitude quasi-psychanalytique durant la projection, les coups de coeur, les coups de gueule.
tu rends très bien compte de tout cela...
Festival "Cinéma du réel" à Paris cette année...je prie pour en être !

11:36  
Anonymous Anonyme said...

pour Monsieur cre, bah une partie du financement est p-e américain, mais il y a surement TF1 dans le coup, ainsi que Canal. Ils sont toujours prets pour financer les daubes.

Et oui je pense que question cinéma, il y aurait des débats houleux, les avis étants très différents et parfois opposés, mais c'est pas grave, on s'aime quand même ;-)

Pour Oniris, moi c'est Fantastic'art (normal je suis Lorrain lol), mais bon je ferai sans encore cette année.

17:23  
Blogger Dragibus Rinpoché said...

Bon j'ai au moins réussi a vous rendre un peu curieux de clermont, non?
Sissi, oui tu peux compter sur moi, sur mme marcadet aussi!

Lionel, Mr Cre, quand vous voulez pour un débat cinéma avec Sha, mais dans la bonne humeur! Je reste un simple amateur, pas un pro!

Mme marcadet, je parle le basic french de 300 mots (private joke pour Sev) si lecapitan veut savoir, marchande un peu les infos (au moi contre de la nourriture gratis)

Oniris: c'est quoi ce festival "cinema du réel" c'est des docu???

Salkan, mais qui es tu bordel???

22:17  
Blogger Sha said...

No problémo. Next year, on y va ensemble :)

09:50  

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