26 avril 2006

Ma dernière séance!


  • Un lundi soir avec Pablo ou "Une année sans amour”!

"Un ano sin amor" de Anahi Berneri.

le film commence sur un gros plan, celui du curseur vert fluo sur écran noir d’un ordinateur.... rien à voir avec matrix, quoique certain costumes rappellent les tendances SM de Néo et Trinity!

A part ça, Pablo est un jeune poète, qui donne des cours de français ici ou là, et qui, une fois n’est pas coutume, cherche un mari...
Son truc, nous sommes en 1996 et internet est rare, ce sont les petites annonces dans les magazines gays, et c’est dans l’intimité réflexive de la rédaction de sa propre annonce que nous le surprenons la première fois.
Trouver les mots justes, trouver l’expression qui colle le mieux à la description de l’homme souhaité, quand pourtant les désirs et l’envie d’amour sont au delà des mots.

Et puis, à force d’entrée dans l’intimité de Pablo, la cohabitation avec sa tante, la quête sexuelle dans des cinémas gays, les sorties en boite qui finissent en plan d’un soir, on finit par se rendre compte que Pablito possède un peu de nous-même, je me surprend à penser que je suis un Pablo en puissance sauf que je roule beaucoup moins bien les “R” (mais je parle pas du tout espagnol!)
Pablo, c’est un peu un blogueur avant l’heure, qui pianote chaque jour sur le clavier de son PC pour écrire un bout de lui-même, quelques morceaux choisis de sa vie, de la quête romantique donc désespérée d’un prince charmant dans son “année sans amour”.

Pablo c’est moi!
j’ai commencé en octobre ce blog sans queue ni tête (au sens propre comme au figuré) et je m’approche lentement vers une année complète sans amour! Il ne s’agit pas de l’amour reçu ça et là, amical, furtif, fraternel ou fillial, nous n’en manquons pas vraiment lui et moi, il s’agit plutôt de l’amour qu’on pourrait être capable de donner, à celui qui est.....?? à celui que l’on cherche inconsciemment!


Sa solitude affective ressemble à un abîme sans fond où il se perd, en sexe à la sauvette, en parties sado-masochistes, où quand l’assouvissement sexuel d’une pulsion fait oublier un certain vide.
Un vide qui se creuse aussi rapidement que la chute vertigineuse de son taux de lymphocyte CD4, car là s’arrête la comparaison, Pablo est séropositif.
Après réflexion, là aussi peut se poursuivre la comparaison... Toute la réussite du film est de nous dépeindre le quotidien de Pablo en toute simplicité et avec pudeur, loin des clichets et du pathos habituels dès que l’on aborde le VIH chez un gay!

Ainsi, chaque scène possède la même importance, des cours particuliers donnés à une élève qui ne peut cacher son béguin pour le bellâtre, aux coqueteries border-line de sa tante en passant par cette scène poignante où Pablo est réveillé en pleine nuit par une quinte de toux, se lève et s’habille, sort de chez lui comme d’habitude, marche lentement dans la nuit. On le retrouve non pas dans le cinéma habituel mais dans le couloir lugubre d’un hôpital, à calmer sa dyspnée sous un aérosol à la lumière blafarde d’un néon trop vif qui nous laisse suffoquant à notre tour lorsqu’on aperçoit les gouttes de sueur perler sur son front trop pâle.

On prend alors conscience de sa propre mortalité en même temps que Pablo et l’on comprend d’autant mieux pourquoi il écrit chaque jour avec frénésie; ce journal est celui d’un condamné, s’il se presse à nous raconter cette année sans amour, c’est qu’il sait qu’en refusant un traitement de fond il peut partir très vite...
Toute la contradiction du personnage s’exprime dans son rapport à sa maladie, elle lui inspire du dégoût, il déteste l’idée de devoir souffrir mais redouble d’énergie dans ses pratiques sado-masochiste!
Et puis lorsque tout fout le camp, encore plus vite que prévu, une rencontre, un jour comme les autres, transforme cette course contre la mort en course avec l’amour, contre l’amour, sans amour, mais avec beaucoup de vie...

Ce conte moderne et cruel m’a touché en plein coeur parce qu’il raconte avec pudeur et force quelque chose qui ressemble à la vraie vie, des scènes SM les plus crues jusqu'à la lumière diaphane qui entoure Pablo dans une nature qui déborde de poésie, le personnage est toujours beau, comme le propos de ce film, qui l’espace d’1h30 m’a fait aimer ma vie!

  • Mon mardi soir Latino à Beverly Hills.
"Wassup Rockers" de Larry Clark!

A voir le dernier Larry Clark, on ne peut s’empêcher de penser dès la première scène du film que ce type aime décidément beaucoup les adolescents tout juste puberts, surtout lorsqu’il sont à moitié à poil devant ses caméras et parlent avec leur basic-english de 250 mots de leur première expérience sexuelle survenue à l’âge de 12 ans avec la “Marie couche toi là” du collège!
On sent une tension sexuelle presque malsaine entre l’adolescent trop bête pour ne pas être innocent et le réalisateur trop intelligent pour être totalement honnête!

Sous-entendre que Larry Clark pourrait assouvir quelques pulsions perverses grâce à ses films serait peut-être un peu réducteur et trivial.
N’empeche qu’on peut se poser des questions....
N’empeche aussi que ce type un peu zarb (et je me souviens encore de l’expo qui lui était consacrée il y a 2 ans à la biennale d’art contemporain de Lyon) n’a pas son pareil pour décrire systématique le malaise et les dysfonctionnements d’une société américaine qui laisse sur le carreau une majorité de ses ados, génération sacrifiée au nom d’un néolibéralisme roi, d’une société de consommation qui fige par l’argent (mais pas seulement) les inégalités sociales et raciales!

Ainsi, Wassup Rockers nous transporte en un road-movie dans la cité des anges, du ghetto de South Central à Beverly Hills, au rythme endiablé d’un groupe de jeunes skateboarders latinos et d’une BO punk-rock plutot glamour!
On suit alors un peu malgré nous le parcours chaotique de cette joyeuse bande qui ne vit que pour le skate et à l’occasion le sexe, nous aussi embarqués sur leur planche à roulette!
Au fur et à mesure de leur péripéties, tantôt cocasses, tantôt dramatiques, on s’attache aux héros également musiciens lookés et moulés dans leurs jeans (ce qui ne gache rien) à en faire pâlir les Strokes, au point de se sentir un peu comme faisant partie de la bande....


Le plus surprenant reste l’humour et l’enthousiasme qui impregnent le film d’un bout à l’autre sans jamais atténuer la pertinence du propos de l’auteur!
Dans leur cavale au milieu des villas de Beverly Hills, 2 moments absoluments exquis:
Tout d’abord lorsqu’ils débarquent dans une fête organisé par un photographe gay plus folle que sa mère, complètement en extase et son lot d’invités trop branchés qui s’ennuient et se lassent...
Puis lorsqu’un des skatteurs est abattu par un vieux clone de Clint Eastwood qui soudoit finalement la police...
...Et toute l’impertinence de Larry Clark s’exprime pour faire de ce film une réussite bien plus grande que Ken Park dans sa manière de saisir en un jet tous les travers d’une société déconnante, décadente!

Finalement, le périple se termine tant bien que mal là où il a commencé, lorsque nos jeunes chicanos fatigués de fuir sous la pression policière, n’espère qu’une chose paradoxale, quitter la "jungle" de Beverly Hills pour regagner leur ghetto, peut-être plus dangereux mais où il se sente chez eux parce que l’endroit et les gens leur ressemblent....
Un beau pavé dans la marre signé Larry Clark, décidément barré mais en forme!

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

C'est marrant, on est allé voir les mêmes choses quasiment en même temps ! :)

Pour Wassup, c'est vrai que le type ressemblait à s'y méprendre à Clint (surtout la voix), mais le rôle c'est clairement celui de Charlton Heston. Ce sont quasiment les mêmes images que ce dernier dans "Bowling for Columbine".

09:46  
Blogger Sha said...

Alors je vais profiter de ce long week-end pour aller voir ces deux films. Je dois dire que tes critiques très constructives donnent réellement envie de se ruer dans les salles diffusant ces films. Bravo. Tu devrais envoyer un exemplaire aux attachés de presses des deux films. Ils devraient te donner un pourcentage !!

09:46  
Anonymous Anonyme said...

Ah ça oui, je connais des écrivailleurs qui n'écrivent pas aussi bien que toi leurs petits résumés de films... et toujours tu donnes envie d'aller voir. Donc obligé, j'y vais ce week-end. :-)

22:47  
Anonymous Anonyme said...

oh ben moi, à part le guacamole...

00:26  

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