28 mai 2007

Aime moi moins, mais aime moi longtemps!


Il pleuvait bien bas ce soir en sortant de cet hôpital, et j’avais troqué mon habit blanc contre un parapluie noir, il faisait à nouveau froid et j’étais d’humeur maussade comme la couleur du ciel.
Je marchais aussi d’un pas fatigué, un peu lourd, ne pouvant lutter contre l’eau des flaques me sautant aux chevilles et infiltrant mon jean vers le haut fibre par fibre!

Le regard fixe à l’abri de mon parapluie où les gouttes perlaient, j’ai croisé le regard de cette passante qui semblait dire à quel point j’étais mélancolique... Pourquoi?
Dans le Tram je ne pensais à rien, j’écoutais cette musique, c’était Thomas Dybdahl, triste hazard....
Dans le métro j’ai plongé les yeux dans “Les paupières” (Yoko Agawa), ce livre que Mme K. m’a offert pour mon anniversaire.
A l’annonce de la station Masséna, j’ai relevé les yeux, rassemblé mes affaires et je suis sorti, ce n’est pourtant pas là que j’habite, et je voulais rentrer tout de suite, mais quelques choses là-haut m’appelait.

Là, devant l’Astoria, sous la pluie, j’ai contemplé les affiches et j’ai hésité....et puis j’ai chuchoté à Catherine qui me surplombait un peu floue: “je viendrai te voir demain, j’espère. ne m’en veut pas mais ce soir j’ai envie d’entendre quelques Chansons d’Amour”. Elle a semblé ne pas m’en tenir rigueur ou alors elle faignait l’indifférence, elle est comme ça, Catherine, si belle et si froide.

Ensuite je suis rentré dans l’ombre et tandis que tout mon corps et mon coeur déjà si noirs et si froids cherchaient à se blottir au mieux dans le fauteuil, mes pupilles se mirent à refléter mille couleurs et même quelques notes de musique. J’ai su alors, que je vivais un instant de magie, bref mais si vrai, j’étais boulversé et pétrifié, les tripes dans les chausettes, le coeur dans les amygdales, le temps d’un film en 14 chansons et 36 milles chandelles!


Comment dire les voix erraillées en chansons de Louis Garrel et Ludivine Sagnier, les coeurs transpercés et les larmes de sang; comment décrire les beautés diaphanes et subtiles de clothilde Hesme et de Chiara Mastroiani (ô divine Chiara, je t’aime au moins autant que ta trop grande maman, si différente, cette sensibilité emouvante que tu portes à même la peau....désormais je l’aime, je t’aime!); comment ne pas fondre devant l’irradiation grégoire Leprince-Ringuet, comment ne pas se sentir perdu et exangue à la manière d’Alice Buteau ou de Brigitte Roüan et comment ne pas succomber à cette vision toute en chansons de jeunes gens perdus d’amour dans Paris (rarement rendue aussi réelle qu’ici).
On ne peut pas, je ne peux pas, je rend l’âme sur les paroles et la musique toutes en finesse d’Alex Beaupin et je rend grâce à Chistophe Honoré de me boulverser encore une fois, après “Dans Paris” avec ses “Chansons d’amour” indispensables.


Je suis peut-être une fois de plus trop dithyrambique, mais quand j’aime (et c’est devenu si rare) c’est toujours à la croisée d’heureuses ou de tristes circonstances, souvent en lien avec mon humeur du moment, trop changeante, en souffrance... Aujourd’hui tout y est, et j’ai envie d’aimer...Aujourd’hui tout est dit dans cette ultime phrase du film, expulsée dans un souffle mi-douloureux mi-libérateur de Louis Garrel (mon meilleur et plus bel acteur du moment):

“Aime moi moins, mais aime moi longtemps”

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Souvent, longtemps, énormément ? (Diane Tell, je crois... mais, pragmatique, j'ai remplacé "aimer" par "manger"...)

19:01  
Blogger Sha said...

Belle critique mon Ganesh qui confirme aussi mon envie d'aller découvrir le beau et ténébreux Louis Garrel dans ce film qui excite ma curiosité et mes sens...

16:24  
Anonymous Anonyme said...

J'avais lu la critique de Télérama mais rien ne vaut une impression d'un blogeur qui sait décrire le mot aimer.

C’est sur, j'y vais avec mon Shag et je suis sur qu'il va aimer.

Merci Dragiboy

21:19  
Anonymous Anonyme said...

Je le fais déjà... je crois

01:13  

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